Dunkerquois Amateurs de bière

… ils créent leur microbrasserie pour changer de vie

Un grain de folie et des tonnes de grains d’orge. Julien Cappelaere, à Malo-les-Bains, et Laurent Depecker, à Petit-Fort-Philippe, font partie de ces amateurs de bière qui ont franchi le cap de la dégustation à la fabrication et à la vente. Brassées localement, leurs cuvées ont déjà conquis nombre de goûteurs, après plusieurs étapes nécessaires à l’entrée dans cette microfilière.

Reconversion

Un petit kit de brassage à réaliser dans sa cuisine a suffi à Julien Cappelaere, 36 ans, pour mordre à l’hameçon. « Je suis passé de 5 à 20 litres. J’ai racheté le matériel de la brasserie Au pif de Steenvoorde (qui souhaitait s’agrandir, ndlr). J’en faisais une fois par semaine. » Sa rupture conventionnelle actée, l’amateur de houblon, ex-technicien dans une entreprise de chauffage et sanitaire, a déjà le pied dans son nouveau métier. À 40 ans, Laurent Depecker a suivi la même voie pour rebondir après son licenciement. « Cela faisait un moment que je faisais de la bière pour moi. Une conseillère m’a poussée au brassage. » Tous deux aidés par BGE Flandre création, ils montent leur plan financier et créent leur société. « Depuis février, je faisais des dégustations et des animations. Au vu des retours, je me suis lancé », se réjouit le Petit-Fort-Philippois.

Formation autodidacte

« C’est en brassant qu’on devient brasseur. » Des dizaines de recettes testées à la maison à l’acquisition du matériel (et d’un local pour le Malouin), en passant par la recherche de matières premières, les deux brasseurs se sont formés d’expériences et sur les forums de brasseurs amateurs. « J’ai fait de multiples brassins pour améliorer les recettes au fur et à mesure. Je me suis équipé, notamment d’une petite station d’épuration d’eau pour avoir une qualité optimale », détaille Laurent.

Gamme variée

Un travail qui leur a permis d’élaborer plusieurs variétés de bières. Verte, bleue, jaune et rouge, à la Micro-brasserie des 2 Forts(1), quatre capsules permettent de différencier les recettes. La « Calvaire des marins » se décline autour de la Bergamote Ale (6,5º), la Blonde (7,5º), la Ginger Ale (5º) et de la bière de Noël (8,5º), qui ne sera vendue qu’en décembre. « Le but est d’avoir toujours quatre références », calcule Laurent. Une première production vendue en ce moment au marché de Noël de Gravelines. À la Brasserie Cappelaere(2), il y aura trois bières tout au long de l’année et une spéciale selon la saison et les demandes : « J’ai deux blondes à 6º, une légère, facile à boire, et une plus aromatique, qui se rapproche de l’IPA. Et une triple, à 9º pour rester dans l’esprit du terroir. » Côté spéciale, après la bière de Noël, une cuvée de blonde à 4º attend les carnavaleux pour février.

Réglementation

Brasseurs à petite échelle, ils disposent chacun de quatre fermenteurs de 100 litres. Avec environ 250 litres fabriqués par semaine, Julien n’envisage pas de dépasser la barre des 12 000 litres par an (la dénomination de brasserie passant aux fabricants de 10 millions de litres annuels). Un petit volume n’exemptant pas les microbrasseurs de se plier à quelques formalités. « Tout est réglementé, de la recette jusqu’à la vente, explique Laurent. Cela passe par le permis d’exploitation, l’obtention de la licence II et III, d’une déclaration auprès des douanes. »

Une « filière noble »

En pleine croissance, la microbrasserie séduit de plus en plus les fabricants comme les consommateurs. Actuellement seuls sur le Dunkerquois, les deux microbrasseurs seront bientôt rejoints par d’autres très prochainement, à Téteghem et à Dunkerque. « Il y a encore de la place pour alimenter le territoire en bières, s’amuse Julien, qui ne voit dans cette filière aucun concurrent. Les plus habitués ne sont pas avares en conseils, on est tous passionnés, personne ne deviendra milliardaire, c’est une filière vraiment noble. »